Makams et Intervalles

QUART DE TON ET COMMA… LES INTERVALLES DANS LES MAKAMS

INTRODUCTION

Dans le système de la musique occidentale, dit à tempérament égal, les intervalles sont fixes. Les notes sont au nombre de 12, et sont séparées par des intervalles de 1/2 ton : 

Ce sont les notes que l’on va retrouver sur le piano, et sur la guitare, avec lesquelles toutes les gammes, donc toutes les mélodies, sont créées. Les intervalles sont tous des multiples du 1/2 ton, c’est la raison pour laquelle, sur une guitare chaque frette correspond à un intervalle de 1/2 ton. 

On peut donc dire que le standard de la musique occidentale est le 1/2 ton.

Prenons par exemple la gamme de do majeur, qui correspond à celle du makam Çargâh (prononcer tcharga) et composée des notes suivantes : do ré mi fa sol la si do

Dans cette gamme les notes sont séparées par des intervalles de 1 ton ou de 1/2 ton.

Dans les musiques basées sur le système des makams, certains intervalles sont fixes (ou standards), d’autres non.

Nous avons vu, dans l’article qu’est-ce qu’un makam, que dans le système du makam il y a 3 notes importantes :

  • La tonique
  • La dominante (qui peut être la quarte ou la quinte, selon le makam) 
  • L’octave

Entre ces 3 notes les intervalles sont toujours les mêmes. Et étant donné que la dominante peut être la quarte ou la quinte, il y a 2 cas possibles.

Cas n°1 la dominante est la quinte, comme le makam Çargâh, on trouve donc :

Cas n°2 Pour les makams dont la dominante est la quarte, comme le makam Kürdi on trouve donc :

Pour les notes qui ne sont ni la tonique, ni la dominante, ni l’octave les intervalles varient selon les makams. Il peuvent être d’un ton ou d’1/2 ton mais peuvent aussi avoir des valeurs différentes comme par exemple 1/4 de ton, 2/9 de ton, 12/9 de ton, 8/9 de ton.

Certaines notes peuvent également varier pendant l’exécution de la mélodie, selon l’expressivité du musicien.

LE 1/4 DE TON ARABE

En 1932, le Congrès du Caire, souhaitant mettre en place un standard valable pour le système du makam et le système occidental, instaure le standard du 1/4 de ton

Dans ce système, les notes sont au nombre de 24, et les intervalles sont des multiples du quart de ton. C’est comme si sur une guitare, on divisait en 2 l’espace entre les frettes en ajoutant une nouvelle frette.

 Ce standard ne correspond pas à la réalité des makams, qui pour certains, comme nous l’avons dit plus haut, contiennent des intervalles différents du 1/2 ton et du 1/4 de ton.

Quand on altère une note d’un quart de ton, celle-ci est notée avec le signe demi-bémol sur la partition, qui s’écrit de la manière suivante :

Suite à ce congrès que des musiciens de musique arabe ont commencé à utiliser le 1/4 de ton comme standard et ont modifié leur façon de jouer. Les luthiers ont suivi : des instruments comme le Kanoun arabe, ou la Mandole algérienne utilisent le 1/4 de ton comme standard.

Mais d’autres musiciens arabes, des musiciens turcs, azéri ou iranien ont continué à jouer sans utiliser d’intervalles standards et ont préservé la manière traditionnelle de jouer les makams.

LE COMMA TURC

Sous l’Empire Ottoman, Le système du makam a été théorisé tout au long des siècles, jusqu’à aboutir au standard du comma.

Chaque ton est divisé en 9 commas, et les intervalles sont calculés sur cette base.

Dans ce système il existe 7 intervalles possibles entre 2 notes :

  • 1 comma (1/9 de ton)
  • 3 commas (3/9 de ton)
  • 4 commas (4/9 de ton)  
  • 5 commas (5/9 de ton)  
  • 12 commas (12/9 de ton)

Ces intervalles engendre des altérations spécifiques :

Au total, dans ce système, les notes qui peuvent être notées sur une partition sont au nombre de 24, mais les intervalles ne sont pas réguliers.

Ce système complexe, même s’il est plus respectueux de la tradition et plus précis que celui du 1/4 de ton, comporte des imperfections. En effet, il omet certains intervalles qui existent dans certains makams, comme les intervalles de 2, de 6 et de 7 commas.

De plus, son système de notation n’est pas complet, car certains intervalles (3, 12, 13 commas) n’ont pas de signe qui permet de les noter sur une portée. Ces intervalles sont généralement notés avec le signe de l’intervalle le plus proche. En conséquence, l’interprétation de certaines partitions, si elle sont jouées telles qu’elle sont écrites, comportera des fausses notes.

CONCLUSION

Concernant la musique basée sur les makams, il existe 2 standards d’intervalles : le 1/4 de ton, et le comma.

Le système du Congrès du Caire, basé sur le standard du 1/4 de ton, s’il permet de simplifier l’écriture et l’harmonisation des mélodies basées sur les makams, empêche les musiciens de jouer à la manière traditionnelle, avec des intervalles différents.

Le système Ottoman, basé sur le standard du comma, s’il est plus respectueux de la tradition, souffre de ses imperfections ; pour certains makams, on ne peut jouer directement la partition sans risquer de faire des fausses notes. Il faut avoir une connaissance plus approfondie de ces makams pour jouer correctement les intervalles.

3 réflexions sur “Makams et Intervalles

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